vendredi 14 août 2015

FAUT PAS V'NIR ME CHERCHER
J’suis bien chez moi
A l’ombre du cerisier
Je suis bien chez moi
Faut pas v’nir me chercher
Y’a tant de mecs
Qui ont voulu signer
Faut faire avec
Faut pas v’nir me chercher
Vot’ fourragère
J’en ai rien à cirer
La mienne est caissière
Dans un supermarché
Dans les bivouacs
L’hiver y fait pas chaud
Et puis ça me claque
D’porter un sac à dos
Y’a tant de mecs
Qui ont voulu signer
Faut faire avec
Faut pas v’nir me chercher
J’ai un boulot
C’est pas vraiment le pied
Je suis mécano
Ça m’permets d’exister
J’veux pas dev’nir
Qu’un simple matricule
J’veux pas me couvrir
De votre ridicule
Y’a tant de mecs
Pour ça qui ont signé
Faut faire avec
Faut pas v ‘nir me chercher
J’suis bien chez moi
A l’ombre du cerisier
Je suis bien chez moi
En plus j’aime pas marcher
Ma fourragère
A moi elle est sacrée
Un’ blonde aux yeux verts
J’veux pas m’en éloigner
Y’a tant de mecs
Qui ont voulu signer
Faut faire avec
Faut pas v’nir me chercher
Texte déposé à la SACEM

dimanche 26 juillet 2015



En 2002 deux fillettes d'une dizaine d'années ont été écrasées (volontairement) par un char israélien dans l'indifférence générale, deux lignes dans les journaux, 1,30 mn au 20 heures en fin d'édition.Dans le même temps la France pleurait parce qu 'on allait perdre la coupe du monde. Le comportement pitoyable de mes contemporains m'a inspiré ces quelques vers sans prétention.

ALLEZ LA FRANCE

Petite Fille de Jenine 
Dans les cris d 'un ciel blessé 
Sur son visage de gamine 
L'ombre d'un sourire froissé 

L'histoire de sa Palestine 
Déjà si lourde à Porter 
Dans son regard on devine 
La trace de ses rêves brulés 

Petite fille de Jenine 
Loin des spots télévisés 
De la une des magazines 
De nos coeurs, nos pensées 

Cernée de peurs et de ruines 
Dans ce monde encaustiqué 
Par tout's les foudres divines 
Que transporte l'humanité 

Pas l'temps de s'attarder 
Sur son triste sort 
Y'a d 'autres chats à fouetter 
Aujourd'hui y'a du sport 

L'oeil rivé sur la télé 
Enfoncé dans ton fauteuil 
Cest partit ils doivent gagner 
C'est ta fierté, ton orgueil 

T'as parié avec tes potes 
Ils vont gagner deux-zéro 
Si ils prennent une calotte 
C'est toi qui paie au bistrot 

Tu n 'as pas fini ta bière 
Que tu rallumes un mégot 
T'as le stress et t 'as les nerfs 
Et ça te tord les boyaux 

Tu sens le monde s'écrouler 
Ils ont perdu deux-zéro 
T'as presqu'envie de chialer 
Dans ta tête c 'est Jéricho 

Pas l'temps d's'apitoyer 
Sur son triste sort 
La coupe du monde ratée 
Oh! pauvres tricolores 

La sirène des ambulances 
Et cette angoisse indicible 
Lui rappelle la présence 
D'une haine indescriptible 

Quand tu cries " Allez la France " 
Dans ton fauteuil convertible 
Mais pour comble de malchance 
Tes bleus sont pas invincibles 

Tous les voeux, tout's les prières 
Ne f'ront jamais reculer 
La rage des homm's,leurs colères 
Leur violence déchainée 

Elle crie dans la poussière 
Et sa mère agenouillée 
Pleur'sur le corps de son père 
En jurant de le venger 

Pas le temps de pleurer 
Sur son triste sort 
Y'a d'autres larmes à verser 
Celles du mauvais score 

Pas le temps de pleurer 
Sur son triste sort 
Tu es bien chagriné 
On s'ra pas les plus fort 


Contact: 06 64 77 10 61

Rémy Bossut 


                                                 LE DESERTEUR


C'est un homme comme moi 
Bien trop loin de chez lui 
Et puis tout comme moi 
En avait-il envie? 
Je ne sais pas qui c 'est 
Je ne le connais pas 
Et il ne m'a rien fait 
Je ne tirerai pas 

Je dépose mon arme 
Je rebrousse chemin 
Dites moi où est le charme 
De tuer un être humain 
Je suis le déserteur 
De ce grand régiment 
Attiré par l'odeur 
Qu'est l'odeur du sang 

Mais qu'est-ce qu'on se ressemble 
Je n'imaginais pas 
Il a peur et il tremble 
Dans ses yeux je le vois 
On ne s'est jamais vu 
On ne se connais pas 
Mais on aurait bien pu 
Je ne tirerai pas 

Je dépose mon arme 
Elle me brûle les mains 
Quand j'pense à tout's les larmes 
Qui vont couler demain 
Je suis le déserteur 
De ce grand régiment 
Me parlez pas d'honneur 
Devant tout ce sang 

Je sais que votre loi 
Me pass'ra par les armes 
J'emmen'rai avec moi 
Qu'la photo de ma femme 
Devant le peloton 
Moi je n 'aurai pas peur 
Je suis pas un poltron 
Mais un homme de valeur 

Je dépose mon arme 
Je rebrousse chemin 
Dites moi où est le charme 
Quand pleure un orphelin 
Je suis un déserteur 
Monsieur le président 
Je n'aime pas la couleur 
La couleur du sang 

Je sais que votre loi 
Me pass'ra par les armes 
Je laiss'rai derrière moi 
Aucun cri aucun'larme 
J'vais être fusillé 
Pas présent au combat 
Vous dans vot'siège doré 
V'nez mourir avec moi 

Je dépose mon arme 
Elle me brûle les mains 
Je pense à tout'ces femmes 
Brisées par le chagrin 
Je suis un déserteur 
Monsieur le président 
J'veux pas d'légion d'honneur 
Maculée de sang

Rémy Bossut 
                                                                                       


                             

                                       LE TRICHEUR                                                            


Je sais bien que tes yeux douteront à jamais 
D’la petite flamme bleue, celle qui nous unissait 
Mais encore dans mes yeux elle brûle plus que jamais 
Même si entre nous deux, quelque chose s’est défait 
Je t’ai souvent parlé de jardins de ruisseaux 
J’aurai voulu t’emm’ner au soleil de mes mots 
Je ne t’ai pas monté, pas monté de château 
C’est ma sincérité, c’est mon plus beau cadeau 

Mais parfois le tricheur s’fout d’la règle du jeu 
Mais au fond de son cœur, le triomphe est boiteux 
Et tu sais le tricheur, est il vraiment heureux ? 
C’est un mauvais acteur, quelqu’un d’un peu frileux 
Peut’êtr’ que le tricheur, préfère au fond le jeu 
A celui du menteur…oh celui de l’aveu 
Mais quand on naît tricheur que peut on trouver de mieux ? 
Pour cacher ses erreurs, éviter les adieux 

Tu sais d’un édifice tombent parfois quelques pierres 
Et cette grand’ bâtisse là-haut dans la poussière 
Malgré sa cicatrice, reste debout, espère 
Un grand feu d’artifice pour revoir la lumière 
Pas facile de comprendr’ essayer d’expliquer 
Sans vouloir se défendr’ ni s’laisser se noyer 
Un rocher peut se fendre, sans jamais se briser 
Quand le feu devient cendre, il peut encore brûler 

Mais parfois le tricheur s’fout d’la règle du jeu 
Laisse de côté son cœur et part vers d’autres cieux 
Mais vois tu le tricheur, sait- il vraiment c’ qu il veut ? 
Pas même un peu d’ fraîcheur, peut être d’autres yeux 
Pour ses yeux de tricheur, pour son instinct piteux 
Pour sa gloir’ de malheur, pour ses matins neigeux 
Mais crois-tu qu’ le tricheur peut être un jour chanceux 
C’est un drôle de parieur…tout miser dans l’enjeu 

Mais parfois le tricheur s’fout d’la règle du jeu 
Mais au fond de son cœur, le triomphe est boiteux 
Et tu sais le tricheur, est il vraiment heureux ? 
C’est un mauvais acteur, quelqu’un d’un peu frileux 
Peut’êtr’ que le tricheur, préfère au fond le jeu 
A celui du menteur…oh celui de l’aveu 
Mais quand on naît tricheur que peut on trouver de mieux ? 
Pour cacher ses erreurs, éviter les adieux 


Texte déposé à la Sacem 

06 64 77 10 61 

samedi 25 avril 2015

                                      PUTAIN DE JOURNEE,PUTAIN DE DIMANCHE


Elle pleure devant sa tasse de café
Tout' seule le sentiment d'étouffer
Qu'est-ce qu'elle maudit ces jours d'hiver
Ces nuages gris , leurs mines sévères
Elle se lève , prend son blouson
S'en va pleurer contr' le mur de la prison

Parfois elle voudrait casser l'béton
Là ou derrière se trouvent les matons
Pouvoir se glisser dans ses draps
Et lui jurer qu'elle l'attendra
Ou repartir à zéro
Laissant un peu d'son coeur derrière les barreaux

Dans sa tête le vent souffl' plus fort qu'au milieu de la manche
Putain de journée putain de dimanche
C'est dur de voir ses habitudes
Effacées par la solitude
Caresser que les souvenirs
Voir se verrouiller les port's de l'avenir

Combien de fois elle l'a prévenu
Il ne faut pas tricher c'est connu
Tu te t'rouv'ra entre quat' murs
La voix d''amour s'ra qu'un murmure
Le ciel de notre destin
S'ra plus que la cendre d'un grand feu éteint

Elle sait que les années passeront
Puis que l’un sans l’autre ils vieilliront
Que sa jeunesse va s’envoler
Loin de ses rêves maintenant brulés
Pourra-t-elle encore aimer
Puisque la moitié d'son coeur est enfermé

Dans sa tête le vent souffl' plus fort qu'au milieu de la manche
Putain de journée , putain de dimanche
C'est dur de voir ses habitudes
Effacées par la solitude
Caresser que les souvenirs
Voir se verrouiller les port's de l'avenir                                                       Texte déposé à la SACEM (1990)

vendredi 6 mars 2015

Un p’tit coup de violon



Vingt heure la télé en fête
P.P.D.A , son refrain
Y’a d’la joie dans toutes les têtes
Dans le cœur des citoyens
L’emploi et la croissance
Sarko à toutes les sauces
C’est repartit pour la confiance
L’idée contraire serait fausse

Un p’tit coup de violon
On oublie dans les chaumièr’s
Que sous notre balcon
Poussent les fleurs de la misère

Les banlieues , les sans papier
Tout va rentrer dans l’ordre
Pas de clandestinité
Encore moins de désordre
Ceux qui viennent nous ennuyer
Bien mal va leur en prendre
On marche droit dans not’ société
Nous allons leur faire comprendre

Un p’tit coup de violon
Pour rassurer l’électeur
Et on jette en prison
La racaille et les mineurs

Malversations, fausses factur’s
Autres délits d’initié
Erreurs ou mésaventures
Relaxés ou amnistiés
Non , pas deux poids deux mesures
Mais comment même y penser?
Douter de nos valeurs sures
C’est pas dans la conformité

Un p’tit coup de violon
Pour faire passer la pilule
On nous prend pour des cons?
Que nous sommes incrédules!

Vingt heure cinquante c’est le «Prime»
Les vedettes vont arriver
Là tu tombes sous le charme
Toi en quête d’identité
Elles sont là, elles sont belles
T’aimerais tant t’appeler
Florent Pagny, Patrick Bruel
Ou être une star de ciné

Un p’tit coup de violon
Histoire de les faire mousser
Et donner une raison
Au spectateur de rêver

Vingt trois heure tu vas au lit
T’as passé une bonne soirée
Avant d’entamer ta nuit
Tu te mets à bouquiner
Deux – trois pages dans l’Figaro
Juste histoire de t’assurer
Avant de faire un gros dodo
Que l’on chasse l’insécurité

Un p’tit coup de violon
Entre deux pages de pub
Et pour donner raison
Aux J.T. qui nous entubent

dimanche 15 février 2015


Les pavés
Je discute avec les gens
Je squatte les couloirs du métro
C’est vrai de temps en temps
J’ai un frisson dans le dos
Moi je traîne avec le vent
D’la bastille au Trocadéro
Mais j’ai compris depuis longtemps
Y’a pas qu’le soleil qui tient chaud

Laissez moi sur les pavés
C’est un peu ma maison
C’est eux qui m’ont chanté
Les plus belles chansons

Laissez moi sur les pavés
C’est un peu mon histoire
Je leur ai tout donné
Mes misères et mes gloires

Regardez sur les pavés
Vous n’y verrez que des gens biens
C’est vrai pas trop gênés
Quand il faut tendre la main
Mais sachez que sur les pavés
Non il n’y a pas d’assassin
Comme certains hommes bien habillés
Qui utilisent leur prochain

Laissez moi sur les pavés
C’est un peu ma maison
Avec eux j’ai trouvé
Mon plus bel horizon

Laissez moi sur les pavés
C’est un peu mon histoire
Je leur ai tout donné
Mes souv’nirs, ma mémoire



Texte déposé à la Sacem ( 1991)